Rencontre
Rencontre-04-11-13
L’homme levait les yeux au ciel. Je ne voyais pas ses mains mais il m’a semblé qu’il priait.
L’église était sombre, large et haute.
Vide aussi.
Il a dit ces mots :
-« Je vous attendais. »
Ces mots je les ais pris pour moi.
-« Je suis là », ai-je répondu à voix basse, presque chuchotante.
Pourquoi donc ai-je prononcé ces paroles ? Qu’est ce qui m’a poussée à me rapprocher, moi, qui habituellement fuit les hommes ?
Je n’avais toujours pas vu son visage.
Il me tournait le dos et je ne pouvais deviner son âge.
J’ai juste vu qu’il était grand, immense. Il portait sur ses épaules une cape en laine grise, une cape longue qui recouvrait son corps.
J’aurais dû avoir peur mais je ne sentais que la chaleur.
J’étais loin pourtant.
Il a dit :
-« Ca fait longtemps. »
C’était pour moi... Ces mots ne pouvaient être que pour moi.
Alors j’ai avancé. Mes pieds nus sur le carrelage glacé m’ont fait mal.
J’ai marché sur l’ourlet de ma robe déchirée.
-« Je suis là maintenant, ne crains rien. »
Cette parole m’a échappée.
A qui donc étais-je en train de m’adresser ?
A cet inconnu qui, maintenant, s’agenouillait ? A lui ou à Dieu ?
Qui cherchais-je à protéger ? À rassurer ?
Cet homme au front baissé me demandait-il de l’aide ?
Et Dieu pouvait-il appeler au secours ?
Un enfant est entré et l’homme s’est retourné. Ses yeux clairs presque délavés étaient remplis de larmes. Qu’il a laissé couler.
L’enfant s’est approché et l’a interrogé :
-« Qu’est ce que tu fais, pourquoi tu pleures ?
-Je pleure parce qu’il est tard. Peut être trop tard... »
L’enfant a hoché la tête comme s’il avait compris. S’en est allé.
J’étais perdue dans l’ombre. J’ai reculé.
Il y avait là une chaise seule, une chaise en paille sur laquelle je me suis appuyée. Le froid piquait mes chevilles, inondait mon corps de frissons. Ma respiration se faisait haute et rapide. Mon cœur s’est mis à battre si fort que l’homme l’a entendu.
Il a soufflé :
-« Il est trop tard, n’est-ce pas ?
-Non, ai-je répondu. Non ! », Ai-je crié.
Surpris il a fait volte face.
Sa cape a glissé, est tombée à ses pieds.
Il a perdu toute son immensité.
Je n’ai vu que la fragilité. La nôtre. Je n’ai pas supporté.
Cette fois je savais. Je ne pouvais aider ni Dieu ni homme.
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